Mardi 24 octobre jour 7
Echauffement à la Grotovski
voix, renaissance de l’homme , corps échevelés
puis on s’y remet
On a sélectionné dans toutes les propositions avec vote à mains levées 3 sujets
La journée production de 15 mn de spectacles on obtient des résultats assez probants :
les objets épars et Marie traitée comme un objet et qui termine crucifiée dans un caddie

les consignes en cas d’attentat

les personnages morts sous forme de vêtements à terre , le nombre de morts qu’il y a sous nos pieds
On se dit : on a déjà de la matière pour les 8 mn de sirènes et midinettes
on attendait une crispation, non pas de crise
Mercredi 25 octobre Jour 8

Au secours de Peter Handke en guise d’exercice
puis travail d’écriture
l’oral de la Faiar
belle production
beaux textes
les personnalités apparaissent, c’est dingue le temps qu’il faut.
besoin de sortir

A 15 H 30 marche dans la forêt, en Suisse, escalade recueillement devant la
la tombe de Dom Juan
nuit qui tombe

soirée endiablée chez jacques
Les alcools blancs décoincent tout le monde , nous sommes en plein dionysiaque
Jacques profère quelques poésies
c’est la naissance du théâtre , alcool, verbes, être serrés les uns contre les autres
puis fin de la récré 23 H 35
Jour 9 Jeudi 26 octobre 2017
Beat box le matin
préparation d’un aKa
Lecture des textes de chacun
belles écritures
l’après midi : discussion
comment monter les matériaux pour faire 12 mn de spectacle
Quel sens donner au spectacle
échauffement ?
Les 14 plus Hervée et Jacques écrivent une esquisse de scénario.
IL n’y a qu’un consensus , les mesures de sécurité, le rétrécissement de l’espace public
Le groupe évacue Hervée et Jacques qui voulaient baser tout sur la Toussaint.
Premier essai à l’extérieur, on termine à la nuit tombante , on valide la piste
Maëlys est à l’extérieur et prend des notes
Vendredi 27 octobre , dernier jour à Audincourt
Il manque 4 minutes, il manque des costumes, il manque de la précision .
On fait un petit crash -test devant une demie douzaine de personnes
Petite averse sympathique.
Au moins les gens présents comprennent de quoi il s’agit, mais c’est carrément moins bien, toute la spontanéité de César s’est envolée, le ludisme général aussi …
Ah le public , soit ça galvanise, soit ça éteint. mais c’est bien c’est bien ,
on mesure tout ce qui reste à faire.

Tout l’après midi, Hervée entame un nettoyage, des développements, du rythme, de la précision.
deux heures de boulot pour 3 mn à peine réglés.
Donc en principe il y a encore 6 heures de réglage à faire et surtout trouver la fin, c’est fondamental la fin.
César me glisse : c’est un drôle de métier que vous faîtes là
et ma réflexion à moi : il nous a fallu douze jours pour apprendre au moins à connaitre les 14 caractères différents de la promotion 7.
Lundi 30 octobre 2017 Marseille
Discussion autour de la construction.
Proposition de former deux groupes pour qu’il puisse se passer quelque chose de nouveau.
On se rend place de l’opéra.
Idée dans l’air : faire intervenir la vraie police, pour dénoncer le manque de liberté. D’après David Mossé, ce n’est pas le moment, ils sont nerveux depuis les deux morts de la gare St Charles.
On décide de tenter une impro pour la dernière partie.
Proposition de déshabillage, par le groupe 2 qui viendrait dire au graouepe1 je ne sais pas quoi , cela ne tient pas le coup.
Jacques autorise un skater dont la place est le lieu d’entrainement de traverser le groupe.

-
Cela fonctionne immédiatement. On prend son téléphone , il s’appelle Alexandre.
On voit l’interpénétration de suite de deux univers de rue.

A la fin ils se précipitent sur les grilles de l’opéra. Et là Miracle des miracles
la police municipale intervient sans que nous l’ayons appelée !

Contrôle d’identité etc La fin réelle dont nous rêvions
César est interpellé.
On essaye de re -convoquer la police pour le premier novembre, on prend le nom de l’élue à la sécurité.
L’après midi, il y a nécessité d’achever la construction du scénario, car on en est toujours à 3 minutes sans réelle profondeur, et sans envol.
Jacques dit : il y a un problème, je n’ai envie d’inviter personne, ce n’est pas plus qu’un sujet de Kapouchnik que nous avons réalisé là , et pour un seul sujet tu ne fais pas dépasser tes amis
On sent que le directeur de la Faiar qui a vu les essais n’est pas du tout enthousiaste.
Danger .
Hervée et Jacques s’isolent, il s’agit maintenant vu l’urgence de ne plus tergiverser et de présenter un vrai scénario, avec un début et une fin.
14 H 25. Le scénario est présenté, on y ajoute quelques amendements, et on va le mettre sur pied immédiatement sous la grande halle.
Eric Billabert vient nous donner un coup de main sur le son.
On reprend une des scènes inventées le 24 octobre sur la Toussaint, avec un cérémonial de terre, intervient alors le personnage de la mairie qui veut interdire si on ne prend pas les mesures de sécurité vigipirates, mais le mécanisme se dérègle…
Mardi 31 octobre
Jacques part à Truffaut à plan de campagne chercher de la terre dès 9 H 30 à l’ouverture du magasin environ 70 kgs , 5 sacs .
L’employée du magasin à qui Jacques réclame la terre la plus noire possible pour des raisons esthétiques est un peu étonnée.
On apprendra vite que 70 kgs de terre , ce n’est ps grand chose.
Quand ils arrivent avec les combinaisons grises et la terre on a l’impression que c’est une pièce sur les jardiniers…
Faudra changer les tenues

On règle on précise et avant le repas patatras !
Jacques propose que nous écrivions sur la terre :
LA RUE EST A NOUS
Tollé général.
Pas d’accord
ce n’est pas cela que l’on veut dire tempête Camille
TU VEUX DIRE QUOI ?
C’est l’affrontement perpendiculaire.
“je ne sais pas exactement ce que je veux dire mais pas ça “ !
Deux positions s’affrontent : Hervée et Jacques, montez des barrières,
de la sécurité, jamais jamais vous nous empêcherez de jouer, c’est ça l’histoire du théâtre qui a su passer à travers toutes les dictatures .
Car cela ressemble à de la folie , la sécurité réclamée à Lieux publics pour 12 mn sur le parvis de l’opéra de Marseille. Fouille, détecteur de métaux, blocs de béton.
La préfecture ne donne pas vraiment le droit de jouer, mais le droit de bloquer les rues adjacentes, le laisser- passer arrive à 11 H 30.
Camille quant à elle, nous reproche de se décrire comme des enfants à qui l’on permet de faire joujou dans une cour de récréation, et si c’est cela la liberté : faire des pâtés de sable entre quatre grilles, cela ne nous intéresse pas.
Le climat est un peu tendu.
On finit par trouver un accord : César ne donnera plus des ordres de fou comme il le faisait.
La danse et tout ce qui s’ensuit de jeu avec les barrières n’est pas provoqué par César, mais par un trop plein d’enfermement vécu pr les jeunes qui ouvrent la cage aux oiseaux.
Tout cela n’est pas très complexe comme discours, mais tant pis.
Les fous ce n’est pas nous , c’est la société sécuritaire.
De toute façon , c’est grave , la folie sécuritaire.

3 filages à la cité des arts de la rue.
A 17 H on prend possession de la place de l’opéra. Lieux publics déploie de la
technique, grosse sono, 3 techniciens.
On fait deux filages à la suite.
A force, à force…
Jacques trouve qu’en fait il y a une nouvelle maladie.
5 mn de consigne de sécurité, monotones avec des trop petites variations, c’est trop
on a ensuite à peine 3 mn où la machine s’emballe, et depuis hier on sent que 12 mn cela peut être trop long, et ennuyeux, ennuyeux.
Tout va bien , la répétition est ratée,il fallait qu’elle soit ratée, elle l’est .

Mercredi 1er novembre
7 H 30
Hervée est nerveuse.
On doit discuter des derniers changements à faire.
On visionne le film d’hier.
Jacques dit : j’ai en moi une boussole de l’ennui, je sais exactement quand cela devient monotone et répétitif.
Les apprentis sont tous à l’heure à l’Opéra.
Cela sent la grande première.
Nous avons accès au rez de chaussée de l’Opéra. C’est bizarre, se préparer dans l’Opéra pour du théâtre de rue.
Le temps est parfait, la température idéale.
Derniers coups d’épée dans les loges. Toujours et encore Camille qui ne sent toujours pas la fin.
Elle a envie de dire :
“ nous sommes dans le Titanic, l’eau monte, nous sommes des musiciens, nous continuons de jouer”.
Eh bien, dit jacques : arrache le micro de César et dis -le en ton nom personnel.
Oui mais le GROUPE , il dit quoi le groupe ? Très mitigé le groupe.
Pas enthousiaste le GROUPE.
jacques dit : mais c’est dangereux, sans répéter, c’est un peu de la folie, Hervée acquiesce , Camille ne parlera pas.
Midi et trois minutes.
Sirènes.
Beau public, bien serré, 300 personnes, on sent une attente.
Ça démarre bien, Morgane est très décontractée, très claire, cela fonctionne bien, parler des morts le jour des morts ,
puis parler du plan Vigipirate alors qu’hier à Manhattan il y a encore eu un attentat. César est clair , énergique.
La dégradation est bien progressive, jusqu’au final bien enlevé.

Oui, on peut parler de réussite

Bien sûr, pour Hervée et moi, adeptes de la morale brechtienne, il manque une dimension, celle d’une prise de parole, d’une adresse au public, d’une présentation de la Faiar intégrée dans le spectacle.
Les gens ont besoin de savoir.
Mais le Groupe a dit non.
Pas grave.
Comme d’habitude très peu de retours des gens , à part les “sympas, les très bien , les ça m’a plu». C’est toujours frustrant.
Et les gens viennent vers Jacques “alors t’es content ? T’es satisfait ? Ça a marché comme tu voulais?
Bien sûr que non, la carte postale 3 était un peu faible, la 2 pas assez rapide, la répétition juste avant était meilleure.
Les gens restent nombreux sur le parvis, on a offert un pot, on revoit de vieilles connaissances, on se sent soulagés et légers.
Hervée et jacques sont d’accord pour mettre un 14/20
Repas sympathique au Mas, pas loin de l’Opéra.
Mais il va falloir demain faire une vraie évaluation, non seulement du spectacle mais de l’ensemble du laboratoire.
Tous contents ? Très contents ? Moyennement contents ? Faiblement contents ou pas du tout contents?
Nous avons vécu tous ensemble près de huit heures par jour depuis le 16 octobre.
T’as appris quelque chose ?
Trouver une vraie méthode d’évaluation…
La balle est dans le camp du directeur pédagogique : Jean Sébastien Steil.
Jeudi 2 novembre , l’évaluation
A la vérité, cela ne m’a pas du tout plu cette évaluation. Parce que tous ces tombereaux de compliments je n’en ai rien à faire. Parce qu’enfermer en quelques mots ces moments que nous venions de vivre, c’était tout rabougrir.
Dans cette histoire, tout se joue entre les phrases, dans les regards, dans les silences, tout se joue dans l’écart, dans la différence entre deux vieux corps et 14 regards affamés.
Ils cherchent la route, mais nous on ne peut pas leur dire, va par là, ou le chemin c’est celui -là, mais non, c’est à eux de le tracer le chemin, avec leurs faux et leurs faucilles, et leurs tisanes, et leurs herbes, surtout ne pas se mettre dans nos pas.
Alors, oui, on n’ a pas de conseils à donner.
Parce qu’ils ont chacun leur histoire.
Marie a eu peut être le vrai bon mot du style : “vous nous avez montré que rien n’est impossible”.
Moi ce matin après tous ces repas, ces rencontres, ces collisions, ces étreintes, ces embrassades,
j’ai la sensation d’avoir transmis quelque chose de l’ordre du feu,
dans la préhistoire.
Je te partage mon feu, vas y, prends en soin et fonce.
C’est dans la montagne que tout le monde s’est le mieux senti ensemble, c’est bizarre
Nous quittons le commandeur, et la pente est raide, et les jeunes poussent et aident les deux vieux à grimper, ils sont devant et derrière, ils nous tirent et nous poussent.

Une drôle de métaphore.
C’est bien ça le résumé de l’épisode .
Nous avions la mission de les tirer et de les pousser vers le haut, et cela s’est terminé par le contraire.
Hervée et moi, nous leur avons prêté un peu de notre souffle.
Quand on nous demande , c’est quoi votre moteur, c’est quoi ce qui vous pousse ? Nous répondons d’une seule voix : l’amour des gens.
Mais tout cela est implicite, ne se dit pas.
Alors je le suggère pour la direction de la FAIAR, le dernier jour d’un laboratoire ne doit surtout pas se faire dans une salle de réunion impersonnelle, mais ailleurs, en pleine nature... Un pique -nique quelque part, en pleine Camargue, ou en pleine mer quelque chose qui impacte et marque.
Quelqu’un l’a dit : tout transformer en poésie,
Surtout l’évaluation. Pas de bureaucratie,
Du souffle,
C’est le souffle qui doit se transmettre.